Ouvert de 10h à 17h
Oct 2025
En avril 2025, le Laténium a publié le catalogue de l’exposition Dans les camps. Archéologie de l’enfermement, sous la direction de Géraldine Delley, avec la collaboration de Sophie Caravellas.Cet ouvrage de 288 pages, richement illustré, réunit les résultats de recherches archéologiques menées sur onze sites d’enfermement remontant à la Seconde Guerre mondiale en Allemagne, en France et en Pologne. Il prolonge et approfondit une exposition ambitieuse, présentée au Laténium du 29 mars 2024 au 27 avril 2025, qui interrogeait la matérialité de ces lieux marqués par la déshumanisation, tout en valorisant les travaux effectués par les archéologues sur ces questions.
Longtemps, ces camps de concentration, de travail forcé et de prisonniers de guerre ont été étudiés à travers le prisme de l’histoire, des archives et des témoignages. Mais depuis une trentaine d’années, l’archéologie s’y invite : non pour exhumer des ruines spectaculaires, mais pour faire parler les traces les plus fragiles – fragments d’objets, structures précaires, traces d’adaptation, de survie et de résistance. En proposant de réfléchir à « ce qui fait camp » du point de vue de sa matérialité, le livre fait dialoguer mémoire, science et éthique, mettant en lumière la capacité de l’archéologie à aborder des sujets sensibles. Avec cet ouvrage, l’autrice et le Laténium imposent une voix singulière dans le champ de l’archéologie des périodes contemporaines : celle d’une science engagée, attentive aux empreintes ténues de l’humanité et capable de faire dialoguer le passé avec les enjeux mémoriels du présent.
Cette contribution vient d’être saluée par un compte rendu signé par l’historien et archéologue français Alain Schnapp dans la Revue d’Histoire de la Shoah (n° 222, 2025/2). Le texte intégral de sa recension est disponible sur Cairn.info. Ce numéro de la Revue d'Histoire de la Shoah a été dirigé par Ania Szczepanska, historienne du cinéma, maître de conférences à Paris 1 Panthéon Sorbonne et réalisatrice. Pour l'exposition du Laténium, elle a réalisé le film Pour qu’on laissât la dégradation intacte, qui nous emmène sur les sites de Auschwitz-Birkenau, Sachsenhausen, Rathenow, Fort-Queuleu, Vandœuvre-lès-Nancy et Natzweiler-Struthof. Ces vues, accompagnées de témoignages d’ancien-nes déporté-es devenu-es écrivain-es, nous plongent dans une poétique de la disparition.