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Le Laténium est fermé

Le musée et ses collections

Le Laténium conserve plus de 535’000 objets — essentiellement des trouvailles archéologiques régionales, dont le spectre chronologique s’étend, sans lacune, du Paléolithique moyen aux Temps modernes, parmi lesquelles de nombreux ensembles de référence à l’échelle nationale ou internationale.

Parmi ce demi-million de pièces, 3000 objets ont été sélectionnés pour leur présentation dans les vitrines du parcours permanent. Les principales séries sont conditionnées dans le « dépôt visitable », où près de 20’000 objets sont disposés sur des étagères mobiles vitrées, à l’attention des chercheur·e·s et des étudiant·e·s. Cet espace en constante évolution est régulièrement ouvert au public, lors d’événements particuliers.

Concept de collection du Laténium

Histoire des collections, des fouilles et du musée

La richesse et la valeur de ces collections illustrent l’intensité des recherches conduites dans la région. De nombreux savant·e·s neuchâtelois·e·s, souvent d’origine étrangère, ont contribué à l’affirmation méthodologique de la discipline archéologique — comme en témoigne notamment la fondation en 1866 du Congrès international de préhistoire à Neuchâtel. La forte valorisation socioculturelle de l’archéologie dans le canton de Neuchâtel a par ailleurs autorisé une conscientisation publique très précoce aux exigences de la protection du patrimoine, encourageant les particuliers à signaler et à remettre au musée d’innombrables découvertes. L’implication durable des amateurs et amatrices a ainsi permis d’assurer la représentativité remarquable des collections du Laténium.

Historiquement, l’essor de l’archéologie régionale a été suscité par la « fièvre lacustre » qui a marqué la Suisse dans la seconde moitié du 19e siècle, et dont les effets ont été renforcés par la « Correction des Eaux du Jura » (1868-1879). Cet abaissement artificiel de 3 mètres du niveau des lacs de Neuchâtel, Bienne et Morat a en effet provoqué une recrudescence des prospections et des explorations sur les nouvelles plages exondées. Au début du 20e siècle, l’archéologie neuchâteloise s’est distinguée notamment par la fouille systématique et exhaustive du célèbre site de La Tène (1907-1917), ainsi que par l’exploration scientifique de la grotte moustérienne de Cotencher (1916-1918), qui constitue le principal site de référence pour l’époque de Néandertal en Suisse.

Fouille dans la grotte de Cotencher, 2018

Dès 1964, la construction de l’autoroute A5 a entraîné la mise en oeuvre ambitieuse et pionnière de l’archéologie dite « préventive » en Suisse. De vastes programmes de recherche, soutenus par la Confédération et financés à la hauteur de plus de 200 millions de francs suisses, ont autorisé l’identification et la documentation scientifique d’innombrables occupations humaines sur les rives du lac de Neuchâtel. Ces travaux de très grande envergure, qui ont mobilisé des équipes interdisciplinaires et internationales comptant jusqu’à 200 chercheurs et chercheuses, ont démontré la nécessité d’une mise en valeur adéquate, par la création d’un musée destiné à devenir le plus grand musée archéologique de Suisse.

Inauguré le 7 septembre 2001, le Laténium constitue donc l’aboutissement de plusieurs décennies de recherches archéologiques intensives sur le territoire du canton de Neuchâtel. Plébiscité par le peuple neuchâtelois lors d’une votation populaire en 1996, ce musée d’envergure internationale succède à l’ancien Musée cantonal d’archéologie, fondé en 1962, suite à la cantonalisation des collections archéologiques du Musée de Neuchâtel, réunies peu à peu dès le début du 19e siècle.

Aujourd’hui, les collections du Laténium sont continuellement enrichies par le produit des fouilles archéologiques et des interventions de terrain conduites sur l’ensemble du territoire du canton de Neuchâtel.

Collections étrangères

Héritier des collections de l’ancien Musée de Neuchâtel, le Laténium abrite donc également des trouvailles étrangères, offertes pour la plupart par des notables neuchâtelois au 19e siècle , notamment les collections Clément (Grèce, Italie), Schneider (verres antiques de Palestine), Clerc (Russie), Berthoud (Italie), Russ-Suchard (Tunisie), ainsi qu’un grand nombre d’objets isolés remis par des particuliers au fil des décennies.

Parmi ces collections, on peut relever plusieurs ensembles importants du Paléolithique supérieur français (fouilles Emile Rivière), notamment des pièces remarquables d’art mobilier de Dordogne, ainsi que la collection du Colonel de Bosset (1773-1845). Gouverneur de l’île de Céphalonie, ce Neuchâtelois a en effet offert au musée de sa ville d’origine le produit de ses explorations archéologiques — en particulier le plus ancien ensemble connu de pièces mycéniennes, recueilli plus d’un demi-siècle avant les fameuses fouilles de Heinrich Schliemann à Troie.

De manière générale, ces collections étrangères reflètent les frontières disciplinaires en vigueur au début du 20e siècle. Lors de sa création en 1904, c’est en effet le Musée d’ethnographie de Neuchâtel qui s’est vu attribuer la plupart des collections d’Outre-mer jugées alors « exotiques » (notamment les collections d’Egypte antique).

Depuis son ouverture, le Laténium s’interdit strictement toute activité sur le marché des antiquités. Conformément aux principes déontologiques en vigueur et avec le soutien de l’Office fédéral de la culture, le musée conduit régulièrement des recherches historiques de provenance, qui visent à éclaircir les conditions d’entrée de certains ensembles d’origine étrangère.