Ouvert de 10h à 17h
Pour qu’on laissât la dégradation intacte
Réalisé par Ania Szczepanska, le film « Pour qu’on laissât la dégradation
intacte » nous emmène sur les sites de Auschwitz-Birkenau, Sachsenhausen, Rathenow, Fort-Queuleu, Vandoeuvre-lès-Nancy et Natzweiler-Struthof. Ces vues, accompagnées de témoignages d’ancien-nes déporté-es devenu-es écrivain-es, nous plongent dans une poétique de la disparition.
Le paysage s’est approprié les restes, les a transformés et parfois avalés. La disparition est alors évoquée par l’aménagement de dispositifs retraçant sur le sol les plans d’anciens baraquements, par l’installation de panneaux didactiques, par la restitution de bâtiments dont la substance historique s’est dégradée et par l’aménagement de mémoriaux. En racontant différentes façons de devenir ruine, ce film montre que pour que la mémoire existe, il faut d’abord mettre l’histoire à distance.
Fouilles archéologiques dans la carrière du camp de concentration de Natzweiler-Struthof
En août 2023, une équipe composée d’étudiant-es des universités de Strasbourg, Amiens, Bordeaux, Nantes et Rennes et d’archéologues amateurs fouillaient les restes d’une forge et d’une halle du camp de Natzweiler-Struthof.
Dès 1943, des internés du camp de concentration y démontaient des moteurs d’avions usagés pour la firme aéronautique allemande Junkers.
Dessiner pour mettre le quotidien à distance
Dans les créations graphiques des prisonniers, l’humour et la caricature expriment le manque, la nostalgie, l’ennui et les frustrations. La nourriture, les femmes, le voyage, l’alcool ou encore les souvenirs de divertissements particuliers sont autant de thèmes que l’on retrouve dessinées sur les murs du camp de prisonniers de guerre allemands de Vandœuvre-lès-Nancy. Ces dessins constituent des exemples parmi d’autres d’une production artistique qui permettait de supporter le quotidien en le mettant à distance.
Lettres d’un travailleur forcé à sa famille
Lecture des lettres écrites par Cornelis « Kees » de Looze à sa famille entre le 16 janvier et le 30 mai 1943. Dans ces courtes missives, rédigées sur du papier pré-imprimé qui laissait peu de place, « Kees » offre un précieux éclairage sur la vie quotidienne dans les camps de travail forcé. Le racisme ordinaire, les bombardements, le manque de nourriture, le marché noir sont des thèmes récurrents. En tant qu’Hollandais, il était mieux traité que les travailleurs et travailleuses de l’Est de l’Europe : il pouvait aller au cinéma, son salaire lui permettait d’envoyer de l’argent à sa famille et il recevait des colis (nourriture, tabac, vêtements) de ses proches. Cette normalité apparente cache toutefois une autre réalité : dureté et dangerosité du travail dans les usines d’armement, horaires inhumains et punitions abusives. Cornelis, qui raconte ce quotidien avec humour et dérision, a été transféré dans un “camp de travail et d’éducation” où l’on internait des travailleuses et travailleurs forcés pour insubordination, dans de terribles conditions. Il y est mort à 19 ans, probablement de maltraitance et d’épuisement.