Ouvert de 10h à 17h
Selon le mythe antique, Actéon, chasseur et petit-fils d’Apollon, surprend Artémis, déesse de la chasse, alors qu’elle prend son bain à l’orée d’une grotte. Furieuse d’être vue nue, la déesse l’asperge d’eau et le transforme en cerf. Actéon meurt dévoré par ses propres chiens de chasse. L’artiste plasticien François Lelong détourne le mythe et en propose une fin alternative, dans laquelle le chasseur échappe à ses chiens, mais est condamné à l’errance éternelle. Agenouillé, le personnage emprunté à la mythologique grecque porte sa lourde ramure, les yeux plongés dans le vide : ses pensées errent à l’image de son personnage.
À travers cette figure mythologique, l’artiste questionne les frontières entre le naturel et le culturel. Le théranthrope, être mi-homme mi-animal, que l’on rencontre dans de nombreuses histoires remontant, à l’Antiquité, au Moyen Âge et à l’Époque moderne, évoque pour l’artiste la relation complexe que l’humanité entretient avec le monde sauvage, depuis les temps les plus reculés. Car avant de donner lieu à des récits dont on a gardé des traces écrites, ces figures hybrides, dotées d’attributs humains et animaux, étaient visibles sur des parois de grottes et des objets de la vie courante remontant au Paléolithique.
Dans le projet de l’artiste, l’errance du sauvage se matérialise par l’itinérance de l’œuvre. Avant de rejoindre le Laténium, la figure d’Actéon a en effet été installée dans différents espaces et paysages inspirants, que François Lelong dénomme des « sites-refuges ». Ces lieux rappellent les liens que les humains ont tissé avec la nature et ceux que l’artiste plasticien tisse, à son tour, avec cette dernière. Source d’inspiration donnant vie à ses personnages, la nature est aussi lieu de collecte, dans lequel l’artiste puise les matériaux qui lui permettent de réaliser ses sculptures.
François Lelong (1968*) vit et travaille sur le Plateau de Millevaches en Limousin (F)
Actéon – Ramure de cerf élaphe, bois, plâtre, fibres végétales, composites divers.