Ouvert de 10h à 17h
La prochaine exposition du Laténium nous plongera au 18e siècle, au cœur de l’esclavage colonial. Elle montre que l’archéologie permet de redonner une voix aux victimes de la traite négrière, dont la parole est éclipsée dans les textes historiques.
L’« île de Sable », c’est un minuscule îlot aride perdu dans l’océan Indien, battu par les vagues et balayé par des vents violents, où se joue en septembre 1761 une tragédie révélatrice de l’injustice raciale et de l’inhumanité du système esclavagiste. Suite au naufrage d’un navire, 80 personnes achetées en fraude y sont abandonnées à leur triste sort. Quinze ans plus tard, en 1776, une expédition conduite par le chevalier de Tromelin accoste enfin sur l’îlot, et retrouve sept survivantes et un nourrisson…
Dès cette époque, ce drame cruel a mobilisé les consciences abolitionnistes, et a inspiré les philosophes et les gens de lettres dans la critique du système esclavagiste. Mais leurs écrits enflammés demeurent muets sur ce qu’il s’est passé, concrètement, jusqu’au sauvetage : au 18e siècle, on ne s’intéressait pas au vécu des victimes de l’exploitation coloniale. La question est pourtant criante : comment peut-on survivre si longtemps, dans de telles conditions ?
Aujourd’hui, l’archéologie lève le voile sur ce pan oublié de la mémoire historique. Les fouilles conduites sur l’île de Tromelin révèlent l’extraordinaire capacité de résistance de cette humanité bafouée. Pour s’adapter aux infimes ressources de l’îlot, ces personnes déportées depuis Madagascar ont en effet transgressé des règles essentielles de leur culture d’origine. Elles ont fondé une nouvelle société et ont développé les techniques et l’économie qui leur ont permis de braver l’isolement et les ravages des cyclones tropicaux.
Cette exposition est réalisée avec le soutien du Musée d’histoire de Nantes – Château des ducs de Bretagne, en partenariat avec :
· le Groupe de Recherche en Archéologie Navale
· l’Institut national de recherches archéologiques préventives
· les Terres australes et antarctiques françaises
Photo 1. Vue aérienne de l’île française de Tromelin dans l’océan Indien. Richard Bouhet, AFP.
Photo 2. Vestiges d’habitat mis au jour sur l’île de Tromelin édifiés sur le modèle des tombeaux Merina de Madagascar. GRAN.
Photo 3. Pointe nord de l’île Tromelin. Max Guérout, GRAN.
Vendredi 3 octobre à 18h
18:00–18:30 Partie officielle en présence de :
CÉLINE VARA
Conseillère d’État, cheffe du Département de la sécurité, de la digitalisation
et de la culture du Canton de Neuchâtel
MAX GUÉROUT
Initiateur et co-directeur des fouilles archéologiques à Tromelin
FANNY WOBMANN
Écrivaine, comédienne et autrice de l’audioguide
MARC-ANTOINE KAESER
Directeur du Laténium
18:30–20:00 Apéritif et visite libre de l’exposition
20:00–20:45 Concert de Nawal
Chanteuse et multi-instrumentiste originaire des Comores, Nawal fait
entendre les voix et les rythmes de l’océan Indien. Portée par un chant
puissant et envoûtant, elle propose une musique acoustique nourrie de
métissages. À travers ses instruments traditionnels et son engagement, elle
transmet des récits de mémoire, de liberté et de résistance.
Photo : Nawal par Emmanuel Delaloy